ETAT DES YEUX | JUIN 2022 | Trop à lire Trop à dire finalement... La vie en dessous...
mercredi 08 juin 2022
C'est un foisonnement qui peut devenir empoisonnement à la longue. Les mots dérivent comme des bois flottés sur l'écran. Il suffit d'appuyer sur des touches de clavier ou de cliquer sur la petite bosse qu'on appelle souris, clic droit, clic gauche, pour faire apparaître et refouler le tsunami d'informations, de sollicitations, d'invitations au partage numérique... Tout le monde le dit, tout le monde le sait, le grouillement des formes verbales et sonores nous engloutit, nous plonge dans la fascination ( si bien décrit par Pascal QUIGNARD qui rappelle la racine grecque de fascinus équivalent phallus, rien que çà !), la confusion et l'hébétement, le décervelage ( si bien décrit par Bernard NOËL dans la privation de sens) la saturation et on continue quand même. On s'enferme corps et biens, bel et bien dans la bulle qui éclate en permanence, on s'enferre dans le faire, faire plus, faire mieux, en plus grand, en plus visible, en plus audible. On écarte les ailes du Désir pour survoler les autres et planer un petit moment en apesanteur, loin des déflagrations humaines. Les sonnailles du désordre s'assourdissent lorsqu'on peut prendre de la hauteur. Sur le sol les murs continuent à parler sous nos pas.
Une petite fille crie dans la cour en bas... la cour d'une maison... c'est mercredi... ce pourrait être moi... avec ce visage dépité d'enfant qui ne comprend pas... qui attend quelque chose qui ne vient pas, qui ne viendra pas.Elle prend sur elle. Elle verra plus tard. Elle ne crie plus. Où est-elle ?
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